Categorie - Questions de victimes de harcèlement sexuel |
QUESTION:bellelili/14 mai 2012 21:40:02 |
"Certaines aiment ça": Au travail le technicien venu pour réparer la centrale téléphonique n'arrêtait pas de me tutoyer quand moi, je continuais de le vousoyer. Il était un peu familière à mon goût mais il était sympa et on partageait la même frustration avec le matériel défectueux. On se plaignait les deux, en riait un peu. Du coup, assise à côté de lui sur une chaise, il a glissé sa main sur mon genoux (je portais une robe et des collants) et l'a laissé là avant de continuer plus loin pour débrancher un câble sur l'ordi. Ce était flagrant et intentionnelle. Je me suis mise debout très vite et j’ai reculé mais je me sentais incapable de parler, réagir, etc. Je ne pouvais pas mettre des mots sur mes sentiments. Mon chef direct était occupé et je ne pouvais pas l'avertir directement. En fin de journée, il a du partir pour retourner continuer à chercher la panne le lendemain. Toute la nuit j'ai mal dormi et le matin je ne pensais pas pouvoir l'affronter au travail. J'ai parlé avec la responsable des ressources humaines qui m'a dit que "certaines aiment ça" et j'ai dit que « moi, non, pas du tout ». Je pensais avoir fait le nécessaire quand plus tard dans l'après-midi, ne autre collègue m'a dit, "il fait cela avec tout le monde. Ce n'est pas grave..." et une autre m’a confié qu'il a essayé d'embrasser l’embrasser sur la bouche mais elle a pu se débattre. Elle n’a rien osé dire non plus et veut que je garde le secret à son sujet. C’est là que j'ai décidé d'avertir le directeur général. Mon chef m'a appelé dans son bureau le lendemain pour me dire que ce qui m'est arrivé était inacceptable et m'a écouté sur le déroulement des faites. Il m'a aussi dit que j'avais tort de ne pas m'opposer verbalement au technicien qui m'a touché ! Maintenant je vais devoir m'expliquer devant le directeur. Je me sens coupable de ne pas avoir mieux réagi et cette collègue me dit pareil. S'il a fait cela déjà deux fois, est-ce que cela ne rend pas la situation plus préoccupante? Cette situation me préoccupe énormément et je me sens comme si j'ai fait quelque chose de mal parce que je ne me suis pas mieux défendu. Est-ce que la motive d'une telle acte n'est pas de déstabiliser son proie, de les mettre mal à l'aise et obtenir le pouvoir sur elle? Merci pour votre réponse. |
REPONSE:L'équipe de non-c-non.ch/16 mai 2012 11:20:41 |
Vous l’avez bien compris : le harceleur fait ce qu’il faut pour déstabiliser sa proie et exercer son pouvoir sur elle. De l’avis même du Conseil fédéral, le harcèlement sexuel est un abus de pouvoir. Quant à votre réaction, elle est celle de la plupart des victimes de harcèlement sexuel. Ce n’est pas vous qui devez vous sentir coupable, mais bien le technicien qui vous a agressée. Vous avez réagi et fait comprendre votre refus en reculant, les paroles n’étaient pas nécessaires. Même si vous aviez été paralysée par le geste du technicien, personne ne pourrait vous reprocher votre manque de réaction car la stratégie du harceleur est précisément d’empêcher toute réaction perceptible par les collègues. Par contre, la réaction de la responsable RH est tout à fait inadéquate. Son commentaire banalise des agissements inacceptables et a pour effet de ne pas prendre au sérieux votre plainte. A ce sujet vous pouvez visionner le film « Agir pour prévenir – Harcèlement sexuel en entreprise » en allant sur le site du deuxième Observatoire (voir sous liens utiles), rubrique supports. Elle semble ignorer que c’est de la responsabilité de l’entreprise de prévenir ce type de comportement et surtout d’agir pour protéger ses employé-e-s contre les harceleurs. Et si vous êtes importunée par le comportement d’une personne intervenant dans votre entreprise, cela suffit pour que ce soit considéré comme du harcèlement, et l’entreprise doit prendre des mesures pour que cela cesse. Avant d’aller voir votre directeur, essayez de convaincre vos collègues qui ont aussi subi les agissements de cet homme de le dénoncer également. C’est un service qu’elles rendront aux autres femmes qui devront le côtoyer, et il y en a certainement beaucoup puisqu’il exerce son métier – et ses pressions ? – dans les bureaux. Plus vous êtes nombreuses à vous plaindre de ses comportements, mieux vous serez entendues. Ce technicien doit être remis sérieusement à l’ordre par votre directeur sous peine d’informer son employeur. Les réactions des différentes personnes à qui vous avez parlé de votre malaise montrent une méconnaissance du phénomène et des obligations légales des employeurs. Nous déduisons de votre message que votre entreprise ne s’est pas dotée d’une politique de prévention et de traitement du harcèlement sexuel, ce qui est une obligation légale. Votre employeur pourrait tirer bénéfice de la consultation du site non-c-non et peut s’adresser au deuxième Observatoire pour les questions de formation et de prévention. |
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